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Max en voyage
15 juin 2006

Gratos.

Il n'y a pas qu'en France qu'on peut s'incruster parmi les convives d'un vernissage et faire semblant d'etre un invite. En Coree, ca marche aussi.
Il faut juste arriver au bon moment a la premiere d'une expo et se faufiler jusqu'a la table des petites fours en feignant un interet pour les oeuvres exposees.

En l'occurence ce mercredi, Makiko et moi sommes en ballade a Insadong, un quartier entierement dedie aux touristes. Les boutiques qui s'y succedent proposent toutes plus ou moins les habituels souvenirs locaux discretement estampilles made in Vietnam ou made in China, foulards en soie fine, eventails decoratifs, porte-monnaies en peau de zob et j'en passe. La rue principale est tres animee, les marchands de snacks et de confiseries sont postes tous les cinq metres, a l'affut du gibier innocent, concentre derriere le viseur de son appareil photo digital.

Apres avoir arpente la rue en long, en large et en travers, nous entrons dans un centre d'art.
A vrai dire, le travail des artistes ne m'emeut pas plus que ca. En revanche a tous les etages, il y a une table garnie de toutes sortes de plats et des bouquets de fleurs jouxtent l'entree de chaque exposition. Malheureusement il est seulement quatre heure de l'apres-midi, il est encore trop tot pour se ruer sur la bouffe comme un goret, tout est sous cellophane. Makiko se demande bien pourquoi je bave de frustration, elle n'est pas au fait des coutumes lors des inaugurations.
En redescendant penaud au rez de chaussee, on tombe finalement sur un buffet qui vient juste d'ouvrir. Je montre a Makiko qu'il est de bon ton de se goinffrer au frais de la princesse car le plaisir est double, tu te baffres sans scrupule et en plus c'est gratos. Enfin sans scrupule... Pour le francais mal eleve que je suis, oui.

Tout cela me renvoie a mes cheres annees d'etudes au Beaux arts, ou presque chaque semaine nous trouvions le moyen d'etre invites a un ou plusieurs vernissages quelconques. C'etait a chaque fois une nouvelle opportunite pour nous etudiants, de nous ouvrir a l'art conceptuel et aux nouvelles creations du traiteur du coin.
Apres quelques minutes et quelques miettes sur le T-shirt, un type arrive et remet a nouveau chaque assiette sous plastique. Hehehe, je viens de comprendre que les responsables en charge de cet etage se sont gravement plantes, l'heure de l'ouverture, comme je le pensais, est programmee pour plus tard!

Heureux d'avoir vraiment profite d'un moment d'egarement, nous ressortons du centre d'art en appetit et un peu allume.
Suivant mon flair parasite par les vapeurs de l'alcool, nous atterrissons par pur coincidence aux portes d'une galerie. Maintenant que nous sommes de ferus amateurs d'art, nous entrons avec le regard aiguise du specialiste qui sait differencier une croute d'un chef-d'oeuvre.
Le hasard nous propulse a nouveau en plein vernissage. C'est a peine si je jette un regard vers les peintures, mes jambes m'entrainent malgre moi vers le gratos. C'est la premiere fois que j'essaye de grapiller des petits fours avec des baguettes.
Au moment ou je viens juste de remplir mon assiette et mon verre, un mec d'une quarantaine d'annee se pointe vers moi l'air inquisiteur. "Vous faites parti des invites?" Me demande-t-il dans un anglais impeccable. Ouhala vite, il faut que je sois credible... "Heu pas exactement, mais un de mes amis americains connait l'artiste et voulait me le presenter, il m'a donne rendez vous ici aujourd'hui, je suis venu avec ma copine japonaise..." Je reste calme en picorant un truc. Il se relache soudain et me fait un grand sourire tout en m'invitant a la table. "Vous etes le bienvenu, allez-y servez vous." Je lui demande quand meme qui est justement l'artiste qui fait toutes ces belles choses et il me dit que c'est sa fille, a qui il organise sa premiere expo solo. Ahh d'accord. Je me penche avec Makiko sur les encadrements et comment dire... Ca pique un peu les yeux.
Je finis par rencontrer la fille du mec et j'apprends qu'elle a vecu a Boston avec ses parents pendant un bout de temps. C'est la bas qu'elle y a fait des etudes en illustration, medium dont elle s'est finalement detournee pour se lancer dans la peinture. En matant ses acryliques, on compatit facilement.

Ahlala, j'ai eu du bol en disant a son pere que mon pote etait americain, ca a du sonner vrai a ses oreilles, me dis-je en reprenant des cacahuetes.

La morale de cette aventure quoi qu'en pense Makiko, c'est que quelquesoit l'endroit de la planete ou l'on se trouve et quelque soit les petits fours, ils sont toujours dix fois meilleurs quand ils ont le gout du gratos!

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Commentaires
M
Aaah il est fort ce Maxime... très fort !
Max en voyage
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